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Le Retour du Dodo
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9 juin 2006

Trois petits tours dans le 18ème : Barry Lyndon, Ridicule, Les Liaisons Dangereuses

The festival de Canes is over, but not the festival of Dodoville (please note the very witty pun, hahaha). Today, as a kind of sequel to my review of the splendid Marie-Antoinette, here is the list of my three favourite films on the 18th century _ Marie-Antoinette making a fourth one, I guess. Of course I haven’t seen all films ever since the cinema was created, or I may also have unjustly forgotten a wonderful film I saw years ago, so please if you have any suggestion to add to this list of honours, write a commentary!

Le festival de Canes, c’est fini… vive le festival de Dodoville (veuillez notez le jeu de mot subtil, hahaha). Aujourd’hui,  pour faire suite à la critique du splendide Marie-Antoinette, voici la liste de mes films préférés sur le 18èmes siècle _ Marie-Antoinette ferait un bon 4ème, j’imagine. Bien sûr, je n’ai pas vu tous les films sortis depuis l’invention du cinéma, et j’ai aussi pu aussi oublier injustement un film merveilleux vu il y a longtemps… donc toute suggestion de rajout à ce palmarès est bienvenue !

Barry Lyndon by/de  Stanley Kubrick:

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The adaptation of a less known book by the famous author of Vanity Fair, William Makepeace Thackeray _ yes, his name is actually ‘Makepeace’… I really ought to post something on first names… but I wander away from the subject. To be frank, I haven’t read the book, so I cannot judge Barry Lyndon as an adaptation, but it is so perfect that it can be judged entirely by itself… The one comparison I read on the Internet said that the book was much more moralising than the film; the last duel scene echoing the one at the beginning and creating a kind of frame for the story does not exist in the book.

The plot is classical, a kind of ‘Rake’s progress’: a pure young Irishman joins the army when his beloved chooses to marry for money rather than marrying him… The film describes the dazzling rise in social status of our hero, while he looses all moral principles on the way and becomes more and more alien to the spectator …

barry_lyndon_screenshotMarvellous. The music, featuring traditional Irish tunes,  military music and classical chamber pieces, corresponding to the three stages in Barry’s life (his beginnings, the army, the aristocracy), is splendid, beside being splendidly used ; the main theme,  mournful and ominous, which begins and closes the film,  haunts for a long time. The costumes are gorgeous and original, the screenshots look like 18th century painting, landscapes by Constable or gallant scenes by Watteau or chiaroscuro _ this effect was made possible by the use of candles for lightning. The beauty both fascinates and establishes a kind of ironic distance to the story being told, an effect reinforced by the voice-over commentating the events.

Le film est adapté d’un livre assez peu connu de l’auteur célèbre de ‘La Foire aux Vanités’, William Makepeace Thackeray. Pour être franche, je n’ai pas lu le livre, donc je ne peux pas juger de la valeur de Barry Lyndon en tant qu’adaptation,  mais le film est si parfait qu’il peut être jugé indépendamment de toute source. Selon la seule comparaison que j’aie trouvé sur Internet, le livre est beaucoup plus moralisateur que le film. La scène finale de duel qui reprend celle du début et encadre en quelque sorte le film n’existe pas dans le livre.

L’intrigue suit un schéma classique, celui de l’ascension d’un roué : un jeune irlandais idéaliste s’engage dans l’armée quand la fille qu’il aime fait un mariage d’argent au lieu de l’épouser… le film décrit l’ascension sociale vertigineuse du héros qui perd en route tout principe moraux et devient de plus en plus étranger au spectateur…

Une merveille. La BO, comportant des airs traditionnels irlandais,  de la musique militaire et des morceaux classiques correspondant aux barrylyndon2trois étapes de la vie de Barry ( ses débuts, l’armée, son accès à l’aristocratie ) est splendide, et splendidement utilisée. Le thème principal,  aux accents tragiques, qui ouvre et clos le film, hante pendant longtemps. Les costumes sont fabuleux et originaux, les plans sont autant de peintures d’époque, des paysages de Constable, des congrégations galantes de Watteau, des clairs obscurs ( réalisés grâce à éclairage à la bougie ) Cette beauté fascine, mais elle instaure aussi une sorte de distance ironique par rapport à ce qui est raconté, un effet renforcé par les commentaires en voix-off. S’il n’en restait qu’un…

Réalisateur : Stanley Kubrick . Avec : Ryan O'Neal (Redmond Barry / Barry Lyndon), Marisa Berenson (Lady Lyndon)

Ridicule, by/de Patrice Leconte

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'Ridicule' incidentally one of the only recent French films I love. French films more or less are always on the same subject, comedies on the family or couple problems of middle class Parisians _ well I’m exaggerating a bit maybe, but that’s the impression I got sometimes.

The action takes place during the very last years of the Ancien Régime, in France: Grégoire Ponceludon de Malavoy, a enlightened country nobleman, powerlessly witnesses the people from his region dying from swamp fevers. He decides to go to the court and ask for money to have the swamps drained and thus eradicating the diseases. Yet the atmosphere at the court is as noxious; he soon understands that reason and solid arguments won’t do to defend his cause and that he’ll have to master irony and wit to be heard…

‘Marie-Antoinette’ vs ‘Ridicule’: On a very similar subject _ the portrait of the French court at the end of the 18th century, we got very different films. Marie-Antoinette is the sensuous reinterpretation of a period, with extravagant, delicate, elaborate costumes and accessories; ‘Ridicule’ is more of a moral and intellectual portrait, equally interesting and above all devilishly intelligent.

The dialogues are dazzlingly witty, the actors, all very good, are like swordsmen battling with lethal words. The film gives a very accurate definition of what irony is compared to humour, by the way … Even the title is brilliant: Ridicule, one word, which sums up the ultimate disgrace that can fall upon a courtier, a word synonymous with social death, if not actual death… I particularly like the scene where Abbot Vilecourt ‘proves’ the existence of God in front of an admiring court ; he is at the height of his glory and popularity, but, intoxicated by his success, he concludes by a boast out of place in front of a monarch by divine right : “This evening I proved the existence of God. But...I can prove the reverse if it pleases Your Majesty!” As soon as he utters this all the court, including Vilecourt’s mistress, leave the room. He is over.

‘Le ridicule ne tue pas’, ‘Looking a fool never killed anyone’, this film amply proves the contrary, in a society where only appearances matter and the dominant value is the strive to outshine and crush the other … The implacable portrait of a decaying society where obscene luxury and extreme poverty are side by side; where the destiny of a region depends on a few bon mots and on timely flatteries of the sovereign’s favourites. The cruelty that rules is a elaborate, polite one, made even more monstrous by that: among the most spectacular shows of cruelty, the scene where Vilecourt dumps the shoe of a sleeping nobleman in the fire just before his long-awaited meeting of the king; or the masked ball scene; the opening scene, where a courtier avenges himself for a past humiliation on a former wit, now a mute invalid, is most shocking. Ponceludon himself is progressively contaminated by the court manners, so that paradoxically, his final defeat is almost a good for him; anyway this is only a temporary defeat: the Revolution is not far…

Ridicule, de Patrice Leconte, est accessoirement un des seuls films français récents (1996 quand même)  que j’aime. Les films français racontent toujours plus ou moins les mêmes problèmes de couple ou histoires de famille de parisiens assez aisés _ j’exagère peut-être un peu, mais c’est l’impression que j’ai parfois.

L’action se passe à la toute fin de l’Ancien Régime : Grégoire Ponceludon de Malavoy, nobliau éclairé, voit , impuissant, les paysans de sa région mourir les uns après les autres de fièvres des marais. Il décide de monter à Versailles pour obtenir les crédits qui lui serviront à assécher les marais et à donc éradiquer les maladies. Mais l’atmosphère qui règne à la cour est encore plus délétère ; il comprend vite que la raison et les arguments solides ne lui seront d’aucun secours pour soutenir sa cause et qu’il va devoir apprendre à manier l’ironie et les bons mots pour être entendu…

‘Marie Antoinette’ contre ‘Ridicule’ : un sujet très similaire _ le portrait de Versailles à la fin du 18ème siècle_, deux films très différents. ‘Marie Antoinette’ est la représentation sensuelle d’une époque, au travers de costumes et d’accessoires extravagants, délicats et élaborés ; Ridicule s’apparente plus à un portrait moral et intellectuel, tout aussi réussi, et surtout terriblement intelligent.

Les dialogues sont éblouissants de spirituel, les acteurs, tous très bon, ressemblent à des épéistes impitoyables affûtant leurs pointes et leurs ‘saillies drolatiques’. Le film donne d’ailleurs une très bonne définition de ce qu’est l’ironie, comparée à l’humour. Même le titre est très bien trouvé : Ridicule, un mot, qui résume la plus haute disgrâce du courtisan, un mot qui signifie la mort sociale, voire la mort tout court… J’aime particulièrement la scène où l’abbé Vilecourt fait la ‘démonstration’ de l’existence de Dieu devant une court admirative de ses acrobaties verbales ; il est au somment de sa gloire,  mais,  enivré par son succès, il laisse échapper le mot de trop, devant un roi de droit divin, rappelons-le… : « Aujourd’hui j’ai prouvé l’existence de Dieu. Je pourrais prouver le contraire s’il plaît à Votre Majesté. » En une minute, il se retrouve seul dans le salon, abandonné par toute la cour, y compris sa maîtresse.

‘Le ridicule ne tue pas’ : ce film démontre amplement le contraire, dans une société où seules comptent les apparences et où la valeur universellement reconnue est l’habileté à éclipser et écraser les autres.  (Tiens,  ça vous rappelle pas quelque chose ?) Le portrait implacable d’une société en déliquescence, où le luxe le plus obscène et l’extrême pauvreté se côtoient, où la destinée d’une région dépend de quelques bons mots et de flatteries dispensées au bon moment aux bonnes personnes. La cruauté qui règne est une cruauté sophistiquée et policée, ce qui la rend en quelque sorte encore plus horrible. Parmi les scènes de cruauté les plus mémorables, celle où Vilecourt jette au feu la chaussure d’un noble endormi juste avant son audience avec le roi, espérée depuis si longtemps, ou encore le bal masqué. L’ouverture, dans laquelle un courtisan se venge d’un bel esprit qui l’avait humilié, désormais réduit à l’état d’invalide muet, est très choquante. Ponceludon lui-même se laisse progressivement contaminer par les mœurs de la cour, si bien que, de façon paradoxale, sa défaite finale est presque un bien pour lui. Défaite qui n’est de toutes façon que provisoire, car la Révolution approche…

Réalisateur : Patrice Leconte ; avec :  Charles Berling (le baron Ponceludon de Malavoy), Jean Rochefort (Bellegarde), Fanny Ardant  (Madame de Blayac), Judith Godrèche (Mathilde), Bernard Giraudeau (Vilecourt)

Dangerous Liaisons, by/de Stephen Frears:

dangerousliaisons_screenshot_openingsceneI hesitated a bit before selecting this film, which for me is the adaptation of a literary work before being a film on the 18th century, maybe because I read the book this time… and I guess I like the book better. Yet it is a very good adaptation; a good adaptation being for me, a film that does not ‘smell’ too much dangerousliaisons_screenshot_downfall1of literature, that uses processes specific to the cinema to reach the essence of the work adapted. A good example of this is the framing scenes : the opening shows Mme de Merteuil and Valmont getting dressed, in a series of parallel scenes, filmed like two knights putting on an armour or two actors perfecting their costumes and masks, which is symbolical of their conception of gallantry as war and of their hypocrisy, as well as being beautiful ( the children blowing powder on Mme de Merteuil’s body ). In the last scene, Mme de Merteuil, whose blackness was revealed by the publication of her letters, removes her make up.

Glenn Close, Michelle Pfeiffer, and John Malkovich _ more deliciously perverse than ever_, form a perfect triangle as Mme de Merteil, Mme de Tourvel and Valmont. The 50s French adaptation of the Liaisons Dangereuses with dreadfully handsome Gerard Philippe as Valmont was also excellent, but as it was convincingly transposed in the 1950s bourgeois society, I’m afraid it is but distantly related to the 18th century.

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Les Liaisons Dangereuses de Stephen Frears : J’ai un peu hésité avant de choisir ce film qui est pour moi une adaptation d’œuvre littéraire avant d’être un film sur le 18ème, peut-être parce que cette fois-ci, j’ai lu le livre… et je préfère le livre, je crois. Mais c’est une très bonne adaptation ; une adaptation devant à mon avis, pour être réussi, ne pas ‘sentir’ trop l’œuvre littéraire et utiliser des procédés spécifiquement cinématographiques pour atteindre à l’essence de l’œuvre adaptée. En voici un bon exemple : l’ouverture du film montre, dans une série de scènes parallèles, Mme de Merteuil et Valmont qui s’habillent, filmés comme des chevaliers revêtant leur armure ou des comédiens parfaisant leur costume et masque. C’est l’incarnation visuelle de leur conception de la galanterie comme une guerre et de leur hypocrisie. C’est d’ailleurs aussi très beau (les enfants, comme des chérubins, qui soufflent de la poudre de riz sur le corps de Mme de Merteuil). Dans la dernière scène, Mme de Merteuil, seule et vaincue, percée à jour par le publication de ses lettres, se démaquille enfin.malkovich_2

Glenn Close, Michelle Pfeiffer, and John Malkovich _ plus délicieusement pervers que jamais_, forment un parfait triangle Mme de Merteuil -Mme deTourvel –Valmont. L’adaptation française de 1950 des Liaisons Dangereuses avec le terriblement beau Gérard Philippe est aussi très bien, mais comme elle était transposée de façon convaincante dans la société bourgeoise des années 50, je crains que ca n’ait plus grand chose à voir avec le 18ème siècle…

Réalisateur : Stephen Frears. Avec Glenn Close (La marquise de Merteuil), John Malkovich (Le vicomte de Valmont), Michelle Pfeiffer (Madame de Tourvel), Keanu Reeves (Le Chevalier Danceny), Uma Thurman (Cécile de Volanges)

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Commentaires
K
Bonjour, bonjour! Désolée pour ce long délai de réponse! La vision de Forman est centrée sur la vie d'un Valmont plus jeune, plus attachant. Ce personnage est présenté plus gauche, maladroit et insouciant que ne l'est le Vicomte en réalité. Les acteurs choisis pour le film étaient tous très jeunes, selon la volonté de Forman, d'ailleurs (moyenne d'âge entre 25 et 30 ans, quelle différence par rapport aux acteurs de Frears, n'est-ce pas!). Le film tourne autour du jeu de la séduction dont Valmont sera finalement la victime. Forman a réellement offert une vision différente du roman, modifiant certains éléments de l'histoire. Pour pouvoir amorcer la discussion, je prépare un résumé du film qui sera sur mon blog dès demain! Bon dimanche et un tout grand merci d'avoir ajouté un lien vers mon blog dans la colonne des "blogs amis"!
C
Désolée pour le retard...<br /> Je n'ai pas vu Valmont, je n'en ai simplement jamais eu l'occasion. Mais ce serait intéressant de pouvoir comparer les versions! :) Quel est le point de vue du film de Forman?
K
Il y a aussi l'adaptation très libre des "Liaisons Dangeureuses" de Milos Forman, "Valmont", qui offre un autre point de vue de la relation Valmont/Merteuil. Les films de Valmont et Frears sont sortis au cinéma à quelques mois d'intervalle et s'opposaient radicalement. Bien que souvent critiqué, "Valmont" vaut la peine d'être vu pour qui s'intéresse à l'histoire ...
G
j'ai autant aimé le roman que le film pour les liaisons dangereuses. mis à part que malkovitch me fait plus peur qu'il me séduit! :D<br /> <br /> d'autres films? là je n'en vois pas :/
O
Ah oui, Ridicule..Un de mes films préférés! En partie parce que, comme tu dis, il remet en question le fameux "le ridicule ne tue pas"...Et puis, ce film est drôle, j'aime l'ironie, j'aime la description faite de cette fin de 18e siècle...(je n'ai pas vu Marie-Antoinette, je ne peux donc pas comparer....)
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  • A hotchpotch of drawings and paintings, film and book review, funny quotations, but not much about dodos I'm afraid... Un joyeux mélange de dessins et de peintures, de critiques de films et de livres, de citations, mais pas grand-chose sur les dodos..
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